Cela devait être l'été 1988, durant lequel j'ai fêté mes
6 ans. Ce sont parmi mes premiers souvenirs d'enfant.
Chaque été nous passions un petit moment de vacances en
famille au Varlen, dans la maison de notre grand-père.
Le confort y était sommaire. Les douches se prenaient
dans la baignoire sabot installée dans la crèche et on allait aux toilettes
« au fond du jardin » dans une sorte de petit appentis. Ces toilettes
d'ailleurs me faisaient très peur, car je craignais qu'un serpent sortant de la
fosse ne vienne me mordre les fesses !!
Mais la maison bénéficiait d'une situation
exceptionnelle.
À l'époque, seul un passage de brouette la séparait de la
grève. Autant dire que le jardin, c'était la plage !
Comme toutes les bonnes choses ont une fin, le moment du
départ arriva. Les parents nous chargèrent (les trois gamins) et les valises, à
l'arrière de la GS, et l'heure du retour vers Le Havre sonna. Nous avions déjà
presque fait la dizaine de kilomètres qui mène à Tréguier, et je pleurais,
pleurais… extrêmement déçue d'avoir dû quitter ce paradis avant la fin de
l'été.
Papa, excédé, fit demi-tour.
Arrivé au Varlen, dans le champ proche de la maison, il
me fit descendre de la voiture, en sortit ma valise et me dit :
« Maintenant, et bien, débrouille toi avec tes grand-parents ! »
C'est comme ça que j'ai pu prolonger les vacances, seule
avec mes grand-parents, choyée, initiée aux bonheurs des après-midi sur la
grève. Je me souviens notamment d'un petit cours sur la pêche à la crevette,
très appréciée de ma mamie.
Ce furent des moments exceptionnellement heureux.
Malheureusement ce fut le dernier été que mes grand-parents
passèrent à Plougrescant, car la maladie les empêcha d'y retourner par la
suite.
Plougrescant est resté pour moi un paradis, un lieu de
ressourcement, mon chez moi, là où je me sens vraiment moi… Le lieu,
magnifique, y est bien sûr pour quelque chose. Mais c'est aussi sûrement le
souvenir de ces moments passés avec mes grand-parents qui justifie mon très
grand attachement à cette petite parcelle de paradis.
Depuis, j'ai sans cesse ressenti le besoin vital d'y
retourner très régulièrement afin de préserver mon équilibre.
Francine Perrin
Une
petite-fille de Thomas Rémond.